En Auvergne-Rhône-Alpes des citoyens équipés de micro-capteurs participent depuis peu à des observatoires citoyens de mesure de la qualité de l’air. Leurs données permettent aujourd’hui d’affiner les conclusions sur l'impact du confinement.

Les constats des experts affinés grâce à la participation citoyenne

Le confinement améliore-t-il la qualité de l’air dans notre région ? Globalement oui, et cela dès les premiers jours. Un impact notamment positif sur les polluants émis majoritairement par le trafic routier, comme les oxydes d’azote qui diminuent certains jours jusqu’à 80%. Une baisse spectaculaire, voire jamais vue témoignent les ingénieurs et prévisionnistes d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes. Pour les particules fines, dont les sources sont multiples, l’impact semble plus mitigé. Des observations à retrouver entièrement dans leur évaluation de l’impact des premiers jours de confinement sur la qualité de l’air en Auvergne-Rhône-Alpes. 

Mais qu’en est-il plus localement, et plus particulièrement sur les particules fines ?  

Justement, des citoyens répartis sur tout le territoire régional constatent pour la première fois ces résultats par eux-mêmes, grâce au déploiement par Atmo Auvergne-Rhône-Alpes de plusieurs observatoires citoyens de mesures de la qualité de l’air. Ils consistent en l’installation, par des citoyens et des acteurs de la société civile, de micro-stations de mesure au sein de leurs logements et bâtiments ainsi que le suivi des données produites au quotidien.  

Exemple de l’observatoire lycéen de la Vallée de l’Arve 

Un de ces premiers projets de mesures citoyennes est l’Observatoire lycéen de la vallée de l’Arve. Réunissant Atmo Auvergne-Rhône-Alpes, le groupe Bontaz et les lycées de Passy et Cluses, ce projet a permis à près de 40 élèves de construire tout au long de leur année scolaire un réseau expérimental de 30 micros-stations de mesure de particules fines. 

Antonin, l’un des élèves, nous explique le projet : 

Des micro-stations de mesure qui sont aujourd’hui déployées sur tout le territoire de la vallée de l’Arve, et dont les données, consultables sur la plateforme captotheque.fr, permettent d’affiner notre compréhension de l’impact local du confinement notamment en matière de pollution particulaire.  

La carte des micro-stations de l'observatoire lycéen de la qualité de l'air

 

Dans la vallée de l’Arve, une augmentation des particules constatée par les lycéens 

En analysant les données de cet observatoire lycéen, les lycéens et les citoyens présents sur la plateforme constatent effectivement une augmentation des particules fines pour l’ensemble des micro-stations, dès le 18 mars, soit le lendemain du confinement. Cette augmentation est continue pendant près de 2 semaines, jusqu’à la fin du mois de mars. 

Données mesurées sur une des micro-stations de l’Observatoire lycéen de l’Arve, issue de la Captothèque. Les particules augmentent du début du confinement jusque fin mars, avec un pic autours du 26 mars, presque 10 jours après le confinement.

Sur certains sites, on mesure des concentrations pouvant atteindre 40 µg/m3 en moyenne journalière, notamment sur la journée du 26 mars, alors que l’activité et les déplacements personnels sont considérablement restreints par le confinement.  

Une autre micro-station de l'observatoire lycéen de la Vallée de l'Arve, qui relève des concentration jusqu'à près de 40µg/m3 le mars 29 mars, en plein confinement

 

Un phénomène observé aussi à Grenoble et dans la Métropole de Lyon

Dans l'agglomération grenobloise, à Seyssins et à Herbeys, d’autres micro-capteurs sont déployés chez des particuliers. Sur ce territoire, les mêmes phénomènes sont constatés, comme le montre le graphique ci-dessous, laissant le citoyen à l’origine de la mesure perplexe :

Voici ma mesure sur plus d’un mois avec confinement depuis le 17 mars, on voit un pic autour du 29/30 mars que je ne m’explique pas  - JLC, expérimentateur qui a installé une micro-station dans sa maison de Herbeys

 

Un expérimentateur qui accueille l’une des micro-stations de la captotheque se questionne sur l’augmentation des particules pendant le confinement.

 

A Bron, dans la métropole de Lyon, une microstation est également installée chez un particulier depuis le 20 mars. Ici aussi, il constate une augmentation de particules mesurées jusque fin mars, avec un point culminant à 32 µg/m3 de particules mesurées le 29 mars. Ainsi, même en milieu périurbain, là où le confinement a le plus d’impact, les particules peuvent continuer d’augmenter.

J’ai été surpris de voir que les particules mesurées par mon capteur n’aient pas baissé, c’est même l’inverse ! Pourtant depuis le confinement l’environnement n’a jamais été aussi calme autour de chez moi, notamment en termes de circulation routière - AFREI, expérimentateur de la Captothèque à Bron 

 

En milieu urbain, là où le confinement à priori a le plus d’impact sur la qualité de l’air, les particules continuent aussi d’augmenter.

 

Le chauffage individuel au bois en cause ?

Cette augmentation des concentrations de particules dans l’air, malgré une forte diminution de l’activité, peut indiquer un impact accru du secteur résidentiel, comme le chauffage domestique, sur la pollution aux particules.

Le chauffage au bois, connu pour être la première source de pollution aux particules fines en hiver dans la région, apparait comme un responsable majeur. La baisse des températures, constatée sur la deuxième quinzaine du mois de mars, appuie cette analyse par une utilisation accentuée du chauffage.

 

Je suis en milieu périurbain, à l’entrée de Lyon, dans une zone résidentielle avec beaucoup de maisons individuelles. Avec le confinement et à la vue des données de mon micro-capteur, j’ai un peu observé mon environnement alentour… et c’est vrai qu’on remarque pas mal de panache provenant de cheminées. Je ne pensais pas qu’il y avait autant de maisons équipées de cheminée si proche de la ville ! 

 

Des sources exogènes, et des réserves techniques à prendre en compte

Les ingénieurs d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes mentionnent également les particules secondaires issues de l’activité agricole ainsi que la présence de masse d’air « grande échelle » transportant des poussières désertiques, la discrimination de ces sources n’étant possible que grâce aux analyses poussées effectuées dans le cadre de l’Observatoire classique d’Atmo Auvergne-Rhône-Alpes.  

L’avancée des technologies de micro-capteurs permettront prochainement d’intégrer d’autres polluants, comme les oxydes d’azote, et d’élargir encore la capacité de ces observatoires citoyens à améliorer  notre compréhension des phénomènes influençant la qualité de l’air d’un territoire. Aussi, l’offre de micro-capteurs proposés au sein du dispositif Captothèque est en constante évolution, et tend à se fiabiliser et se diversifier dans un futur proche.

 

Analysez-vous aussi les données citoyennes

En attendant, ces capteurs hébergés par des particuliers fournissent une estimation indicative supplémentaire sur la concentration en particules fines dans l’air, avec l'avantage de les fournir en temps réel. Chacun peut d’ailleurs suivre l’évolution de ces mesures en s’inscrivant directement sur le site Captotheque.fr